Microbiote du nourrisson et troubles du neurodéveloppement
Indicateurs clés des troubles du développement neurologique chez l'enfant
Des chercheurs de l'Université de Floride et de l'Université de Linköping suggèrent un lien entre la perturbation de la flore intestinale au cours des premières années de vie et le développement ultérieur de troubles tels que l'autisme et le TDAH. Cette étude prospective, publiée dans Cell, portant sur des nourrissons, a identifié des biomarqueurs associés au développement de troubles neurologiques, notamment les troubles du spectre autistique, le TDAH, les troubles de la communication et les déficiences intellectuelles. Ces biomarqueurs ont été détectés dans le sang de cordon ombilical ou dans les selles des enfants dès un an, bien avant le diagnostic.
L'étude, menée dans le cadre de l'étude ABIS (All Babies in Southeast Sweden), a suivi 16 440 enfants suédois depuis leur naissance jusqu'à l'’âge de 20 ans. Parmi eux, 1 197 enfants, soit 7,3 %, ont été diagnostiqués avec un trouble du neurodéveloppement.
Les antibiotiques, facteur de risque
Les résultats montrent des différences significatives dans la composition de la flore intestinale dès la première année de vie entre les enfants qui développent des troubles neurologiques et ceux qui n'en développent pas. Des facteurs tels que les infections de l'oreille et l'utilisation d'antibiotiques au cours de la première année de vie ont été associés à un risque accru de troubles neurologiques.
Des études antérieures ont démontré que les traitements antibiotiques endommagent la flore intestinale et augmentent le risque de maladies liées au système immunitaire, telles que le diabète de type 1 et le rhumatisme infantile.
L'étude a également identifié des bactéries spécifiques, comme Citrobacter et Coprococcus, dont la présence ou l'absence semble liée au risque de diagnostic futur. Les chercheurs ont observé des carences en certaines bactéries, comme Coprococcus et Akkermansia muciniphila, chez les enfants qui ont ensuite reçu un diagnostic de trouble neurologique. Ils ont également constaté que le tabagisme des parents augmentait le risque de diagnostic, tandis que l'allaitement maternel avait un effet protecteur.
Système HLA et TSA
Cette étude a aussi mis en lumière le rôle génétique du système HLA dans ces troubles, ainsi que son implication dans les interactions hôte-microbes. Les résultats montrent que le HLA DR4-DQ8, un marqueur génétique, était plus fréquent chez les futurs patients atteints de TSA. Cet allèle est traditionnellement associé à l'incidence et à la sévérité des maladies auto-immunes, telles que le diabète de type 1 et la maladie cœliaque.
PFAS dans le cordon ombilical
L'analyse du sang de cordon ombilical a révélé des niveaux anormaux de certains acides gras et substances nocives chez les enfants ultérieurement diagnostiqués, suggérant un lien entre ces substances et le développement des troubles neurologiques.
Parmi ces graisses, l'acide linolénique, nécessaire à la synthèse des acides gras oméga-3 connus pour leurs propriétés anti-inflammatoires et leurs divers effets sur le cerveau, était particulièrement déficient.
L'étude a mis en évidence le potentiel nocif des PFAS, ces "polluants persistants". Les enfants de l'étude qui ont été diagnostiqués plus tard dans leur vie avec un TSA ou un TDAH présentaient des niveaux plus élevés de PFAS dans le sang du cordon ombilical que le groupe témoin (composé d'enfants qui n'ont développé ni TSA ni TDAH plus tard). Il est important de rappeler que ces substances, présentes dans de nombreux produits de la vie quotidienne, peuvent pénétrer dans l'organisme et affecter le système immunitaire.
Des études précédentes avaient montré que l’exposition à divers métaux analysée dans les dents des bébés était liée à l’autisme
Si ces découvertes pourraient ouvrir la voie au développement de protocoles de dépistage et de mesures préventives pour les troubles neurologiques dès le plus jeune âge, la meilleure prévention serait comme le disait Hippocrate de d’abord ne pas nuire et de réduire drastiquement la pollution à laquelle doivent faire face nos nouveau-nés.
Fedora Gellwen